Patrimoine(s) et accessibilité
8e Colloque étudiant de l’IPAC
Date du colloque : 7 mai 2024
Date limite pour soumettre une proposition : 20 mars 2024
Le colloque étudiant de l’Institut du patrimoine culturel (IPAC) est de retour pour une 8e édition sur le thème de l’accessibilité; celle-ci se déroulera le mardi 7 mai 2024, en formule hybride, à l’Université Laval et sur Zoom. La problématique retenue revêt toute sa pertinence après plusieurs années de confinement dû à la pandémie de COVID-19 et de déroulement à distance d’une majorité de nos activités quotidiennes, des mesures qui ont évidemment eu leur lot de répercussions sur la sphère patrimoniale. Par ailleurs, les préoccupations d’accessibilité aux patrimoines faisaient déjà figure d’enjeux reconnus avant la pandémie de COVID-19, tant aux niveaux national qu’international. En effet, lors de l’édition 2020 de la Journée internationale des personnes handicapées, l’UNESCO avait publié un document visant à faciliter l’accès au patrimoine documentaire pour les personnes handicapées. Il était alors question d’attester de la nécessité de développer les capacités d’accès et de consultation des patrimoines documentaires, même lorsque ceux-ci sont mis en ligne. Mais la question de l’accessibilité des patrimoines peut être traitée de manière encore plus diversifiée. Dans le monde hyperconnecté qui est le nôtre, l’avenir des patrimoines est intimement lié à leur mise en partage avec le plus grand nombre par des moyens matériels ou virtuels. En dépit de cette évidence, force est de constater que cette entreprise n’est pas une mince affaire, compte tenu des enjeux d’ordre social, économique, géographique et politique qui y sont liés.
Fort conscient du fait que la visibilité, l’intelligibilité et la profitabilité des patrimoines dépendent de leur accessibilité, le comité organisateur invite les jeunes chercheur-ses au présent colloque pour échanger autour de plusieurs problématiques liées à la question de l’accessibilité patrimoniale.
Au sein de nos communautés culturelles respectives, individuellement et collectivement, quelle est notre part de responsabilité dans l’accessibilité des éléments du patrimoine matériel, immatériel et naturel? En fait, qui sont les acteurs et responsables de cette accessibilité, et comment conduisent-ils leurs opérations? Pourquoi est-il pertinent de miser sur une accessibilité intellectuelle et une interprétation créative des éléments du patrimoine matériel, immatériel et naturel? Quels sont les avantages et limites d’une accessibilité physique ou virtuelle du ou des patrimoines? Comment l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies peuvent-elles contribuer ou nuire à l’accessibilité? Globalement, comment rendre accessibles, de manière physique ou virtuelle, les éléments des patrimoines matériel, immatériel et naturel?
C’est dans l’optique de poursuivre ces réflexions par l’entremise d’une discussion collégiale et formatrice que l’équipe du 8e Colloque étudiant de l’IPAC invite les étudiant-es des trois cycles universitaires à soumettre des propositions de communications en lien avec leurs recherches. Afin d’orienter et de structurer la réflexion, trois axes sont proposés ci-dessous. À noter : les propositions de communications libres, portant sur des enjeux autres liés au patrimoine, pourront également être considérées.
Axe 1 : Responsabilité vis-à-vis de l’accès aux patrimoines
La définition actuelle de patrimoine mondial repose sur l’affirmation que les éléments le constituant sont une propriété collective de l’humanité tout entière. Mais cette velléité de propriété universelle est bien loin de se refléter dans une accessibilité universelle. Cela implique de penser l’accès aux patrimoines comme une responsabilité morale, sociale et professionnelle, dans la mesure où il ne va pas de soi. Cela dépend effectivement de l’engagement de nombreuse parties prenantes des milieux culturels, politiques et juridiques, dont certaines disposent d’un pouvoir décisionnel énorme sur les manières par lesquelles on donne accès aux patrimoines. Toutefois, de nombreuses lectures contemporaines des patrimoines en viennent à les définir comme des propriétés exclusives (à une entité nationale, à une communauté de pratique, à des spécialistes, etc.). On peut voir dans ces restrictions d’accès la manifestation du phénomène de gatekeeping, mais aussi des tentatives de reconsolidation de liens communautaires devant des pertes de repères. Devant ces écueils, il incombe de repenser comment les patrimoines sont rendus accessibles au plus grand nombre, conformément aux principes de démocratie culturelle et de propriété collective précédemment énoncés.
Eu égard à tout ce qui précède, sur quelles bases devrait-on désormais définir ou circonscrire la notion de « responsabilité » en contexte patrimonial? Comment les acteurs du patrimoine devraient-ils agir pour accomplir convenablement leur mission de préservation et d’accessibilité en regard des patrimoines dont ils ont la charge? Et quels seraient les éléments constitutifs permettant de concrétiser la notion de responsabilité et de lui donner un sens, ici et maintenant?
Axe 2 : Accessibilité intellectuelle et interprétation du ou des patrimoines
L’accès au patrimoine est inextricablement lié à la nécessité de le rendre intelligible à ceux et celles qui le fréquentent et le pratiquent. Il ne suffit plus de donner à voir le patrimoine : il faut pouvoir se l’approprier, le comprendre et l’apprécier. Or, à l’heure où les significations des patrimoines sont multiples et évolutives, restituer leur sens peut s’avérer complexe. Les acteurs patrimoniaux doivent de surcroît jongler avec une myriade de publics dont le bagage intellectuel, les sensibilités et les référents culturels sont considérablement différents. Développer un discours accessible autour du patrimoine pour tous et toutes demeure donc un enjeu crucial.
Par ailleurs, ces discours trouvent traditionnellement leur validité dans un registre académique; souvent véhiculés par des expert-es, ceux-ci s’avèrent parfois hermétiques pour des publics larges et diversifiés. Il y a tout lieu de se questionner sur le potentiel qu’offrent des avenues plus créatives et participatives pour générer des discours sur le patrimoine. L’émergence des nouvelles technologies et leur intégration au champ patrimonial n’ont de cesse de renouveler la médiation et la transmission du patrimoine. Il en va de même pour les approches artistiques, ludiques ou vidéoludiques. Pourtant, certains objecteront que de miser sur l’artification, la spectacularisation et l’esthétisation du patrimoine équivaut à risquer de le dénaturer pour le rendre plus facile d’accès.
Comment assurer l’accès intellectuel au patrimoine et offrir des interprétations significatives pour les communautés? Quels moyens faut-il mobiliser pour faire le pont entre le patrimoine et les sensibilités des publics? Comment rendre accessible la pratique de savoir-faire à ces nouveaux publics variés et hétéroclites? Bref, quelles nouvelles approches peuvent favoriser l’appropriation du patrimoine par tous et toutes?
Axe 3 : Accessibilité physique et virtuelle du ou des patrimoines
Si l’accès au patrimoine culturel dépend de plus en plus d’un cadre intellectuel et de nouvelles approches créatives, nous ne devons pas oublier que l’accès physique et les modalités de l’accès virtuel restent d’une importance capitale. Si l’accès à diverses formes de patrimoine, tant virtuel que physique, est facilité par le biais de la technologie (pensons aux applications pour téléphone intelligent par exemple), la réalité se caractérise par des enjeux de propriété intellectuelle, des restrictions géographiques, des interfaces compliquées et de la censure. S’ils ne sont pas gérés de manière appropriée, les enjeux d’accessibilité peuvent donner l’impression, de certains éléments familiers du patrimoine culturel, qu’ils sont un point de repère lointain dans un pays étranger.
L’accessibilité physique au patrimoine implique un accès matériel aux infrastructures et aux sites, qui est influencé par divers facteurs. Des recherches et des politiques visent aujourd’hui à favoriser la conciliation de l’accessibilité dans les bâtiments et les sites patrimoniaux, notamment pour les personnes en situation de handicap. Des institutions muséales aménagent des espaces dédiés aux familles ou réalisent des actions de proximité comme le prêt d’objets ou d’artefacts. Alors que la situation mondiale actuelle (pensons à la crise climatique ou aux guerres en cours au Congo, en Ukraine et en Palestine) incite au pessimisme quant à la préservation et à la poursuite des pratiques du patrimoine culturel, de nouvelles façons de conceptualiser des sites du patrimoine naturel et artificiel montrent que l’adaptation de l’homme à son environnement est aussi un moyen de survie culturelle.
Le patrimoine virtuel prend pour objet la (re)construction (audio)visuelle du patrimoine (artefacts, sites, personnages historiques, etc.). Le périmètre tracé par le patrimoine virtuel permet d’explorer un nouveau territoire, celui du numérique, tout en évoquant des questions et des enjeux liés à la représentation, à l’interprétation et à la communication du patrimoine. Le patrimoine virtuel peut-il rendre compte de manière suffisamment juste ou authentique du patrimoine matériel? Parvient-il à transmettre le sens et la signification du patrimoine en question? La constitution d’un patrimoine virtuel, par la collection et le traitement de données numériques, a-t-elle un impact sur la préservation du patrimoine matériel? Quel est le statut du patrimoine virtuel dans le monde moderne?
L’accessibilité au patrimoine virtuel invite à une réflexion sur l’appropriation du patrimoine et l’interaction dynamique des communautés culturelles. En même temps que la représentation peut soulever des conflits de définition, le patrimoine virtuel tend à redéfinir les modalités de la conservation et apparaît comme un nouveau lieu où se négocient les politiques identitaires. Le patrimoine virtuel constitue-t-il un tremplin en matière d’accessibilité pour les groupes minorisés? Quels sont les défis du patrimoine virtuel? Va-t-on vers un déplacement radical du patrimoine physique en optant pour l’utilisation de technologies numériques qui recréent le patrimoine?
Format du colloque
Les présentations du colloque étudiant de l’IPAC se dérouleront lors d’une journée complète, le mardi 7 mai 2024. Les conférences seront d’une durée de 20 minutes. Les supports visuels (PowerPoint, Prezi, etc.) sont encouragés. Les propositions en français et en anglais sont bienvenues. Le colloque se tiendra en mode hybride, à l’Université Laval et sur Zoom. La participation en tant qu’auditeur-rice est gratuite.
Modalités de soumission des propositions
Les personnes intéressées sont invitées à remplir ce formulaire de candidature et à le faire parvenir à l’adresse ipac@ipac.ulaval.ca au plus tard le mercredi 20 mars 2024. Une réponse sera communiquée dans les meilleurs délais. Les propositions reçues sous d’autres formats seront immédiatement retournées pour correction. Il n’est pas nécessaire d’être membre étudiant-e de l’IPAC pour soumettre une proposition.
Le comité organisateur du colloque étudiant
Oumayma Aghzere, candidate à la maîtrise en anthropologie, Université Laval
Samuel Ainsley, candidat à la maîtrise en histoire, Université Laval
Ibrahima Cisse, doctorant en muséologie, médiation, patrimoine, UQAM
Étienne Gagnon, doctorant en ethnologie et patrimoine, Université Laval
Nicolas Grenon-Simard, candidat à la maîtrise en ethnologie et patrimoine, Université Laval
Fritz-Gerald Louis, doctorant en muséologie, médiation et patrimoine, UQAM
Wilguens Régis, doctorant en ethnologie et patrimoine, Université Laval
Lus-Herna Rosimar, doctorante en ethnologie et patrimoine, Université Laval
Stefan Santiago, candidat à la maîtrise en musicologie, Université Laval