Colloque international
Patrimoine, tourisme culturel et développement durable en Haïti Enjeux et perspectives d’avenir
Port-au-Prince | 10 au 13 novembre 2011 | sous la présidence d’honneur de la Très honorable Michaëlle Jean, Envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti, ex-Gouverneure générale du Canada.
Organisée conjointement par l’Institut du patrimoine culturel de l’université Laval et l’Université d’État d’Haïti, la rencontre a envisagé les perspectives de développement et la mise en place de projets d’intervention touristique adaptés à la situation haïtienne. L’événement a démontré la force dynamique du milieu haïtien en réunissant près de 250 participants nationaux et internationaux, des chercheurs universitaires, des spécialistes du tourisme culturel, mais aussi des hauts fonctionnaires, des responsables d’associations et d’ONG, des entrepreneurs privés, des dirigeants d’organismes tels la Banque interaméricaine de développement (BID), le Fonds de reconstruction d’Haïti et la Chambre de Commerce d’Haïti, ainsi que des décideurs gouvernementaux dont le Président Michel Martelly, deux ministres et une Secrétaire d’Etat : Elsa Baussan Noel, Secrétaire d’Etat au patrimoine, Stéphanie Villedrouin, ministre du Tourisme d’Haïti, Wilson Laleau, ministre du Commerce et de l’Industrie, ancien vice-recteur de l’Université d’État d’Haïti (UÉH).
Le sujet peut surprendre, alors que le pays est souvent présenté sous un jour négatif, peu attirant pour le touriste. Pourtant, Haïti, derrière les images sombres véhiculées, est encore la « perle des Antilles » qui faisait d’elle la première destination touristique des Antilles dans les années 1970. Les nombreux touristes de la République dominicaine voisine la visitent souvent en raison de la richesse de son patrimoine. En effet, aux kilomètres de plages paradisiaques s’ajoutent « 114 fortifications, 149 monuments historiques, 75 grottes, 111 plages, 86 sites archéologiques, 49 paysages naturels, 18 hauts lieux sacrés et 188 fêtes patronales », selon J. Camille Bissereth, participant et directeur de la Fondation pour le tourisme alternatif. On y trouve entre autres les vestiges d’un village précolombien, le site des premières implantations de Christophe Colomb en Amérique à Caracol, les ruines de Fort Liberté, une architecture coloniale unique, nommée Gingerbread, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO d’environ 25 km : le Palais de Sans-Souci et ses dépendances, la Citadelle Henry et le site fortifié Ramiers ; mais aussi un très riche patrimoine immatériel : Carnaval de Jacmel, festivités vodou, artisanat, sculpture du fer découpé, et bien sûr la peinture, omniprésente dans les rues de Port-au-Prince et reconnue dans le monde entier.
Le tourisme est l’un des piliers du gouvernement Martelly pour la reconstruction. Selon l’un des conférenciers d’honneur du colloque, Carlos Vogeler, de l’Organisation Mondiale du Tourisme, le potentiel de développement du tourisme culturel en Haïti est d’autant plus important que la région des Caraïbes est une destination touristique de premier plan, en croissance constante, générant en 2010 23,5 millions de dollars. « Haïti doit trouver son propre chemin, mais il n’y a aucune raison pour que ce pays reste à la traîne en tant que destination touristique dans les Caraïbes. Ses ressources naturelles, ses plages et son climat sont comparables à ceux des destinations touristiques les mieux établies dans la région et il dispose d’une richesse culturelle très singulière et d’une grande valeur qui peut le démarquer nettement des autres pays de la région. […] Le tourisme, en tant que secteur, a la particularité et l’avantage d’offrir des ressources et des possibilités d’emploi sur un mode plus décentralisé que d’autres secteurs productifs. […] Il contribuera de la sorte à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie des communautés, ce qui en fait un formidable levier pour bâtir l’avenir d’Haïti ». La culture a également un rôle central à jouer. Comme l’a souligné la Très honorable Michaëlle Jean lors de sa conférence d’ouverture, la culture « constitue le ciment de la cohésion sociale du pays tout en étant une source de revenus. Il s’agit en effet d’un secteur créateur d’emplois, car 1 Haïtien sur 10 est artisan. L’UNESCO soutient l’intégration de la culture aux stratégies de reconstruction par notamment, le développement d’un tourisme durable ».
Six ateliers d’artisanat de l’IRPAH ont présenté leurs créations et l’exposition « Les patrimoines d’Haïti » a été inaugurée, présentant les œuvres des photographes Kesler Bien-Aimé, Djuny Lys Guillaume et Pierre Turgeon, respectivement haïtiens et québécois, et des étudiants du Programme de maîtrise en patrimoine de l’UÉH.
Les participants ont adopté, par acclamation, la Déclaration de Port-au-Prince sur le Patrimoine, le tourisme culturel et le développement durable. Ce document sera remis à l’UNESCO ainsi qu’à la Présidence de la République d’Haïti, à la demande des parlementaires présents.
Déclaration de Port-au-Prince sur le Patrimoine, le tourisme culturel et le développement durable >