Colloque international
Les Récollets en Amérique : Traces et mémoires.
à l’occasion du 400e anniversaire de l’arrivée des Récollets à Québec
du 11 au 13 juin 2015 de 9h00 à 17h00.
École d’architecture de l’Université Laval,
1, côte de la Fabrique (Vieux Québec)
Directeur scientifique : Paul-André Dubois
Quatre Récollets français débarquent à Québec en juin 1615 avec l’intention d’y recréer in situ l’expérience missionnaire que les provinces espagnoles de leur ordre menaient avec brio en Nouvelle-Espagne depuis près d’un siècle. La réalité humaine et géographique de la Nouvelle-France naissante se révèle pourtant tout autre. Après un départ forcé en 1629 et une longue période de tribulations, les récollets reviennent en 1670 à la demande de Louis XIV, qui entend en faire l’instrument de sa politique gallicane en Nouvelle-France. Désormais présents dans les villes où ils élèvent leurs couvents (Québec, Trois-Rivières, Montréal, Louisbourg, Détroit), comme aumôniers militaires dans les forts, missionnaires auprès des Micmacs et curés dans les paroisses reculées et pauvres, les Récollets finissent par s’inscrire de manière durable dans le tissu social de la colonie, au point de devenir le seul ordre masculin à admettre volontiers de jeunes Canadiens dans ses rangs. L’identité récollette se déploie ainsi avec une étonnante aisance dans le paysage laurentien au cours de la première moitié du XVIIIe siècle. Au lendemain de la Conquête britannique de 1759, l’interdiction de recrutement qui frappe l’ordre au Canada entraine cependant sa disparition au cours du demi-siècle qui suit.
Précédés par le Père Frédéric Janssoone depuis 1888, les Franciscains n’arriveront officiellement au Canada qu’en 1890. En s’autoproclamant héritiers spirituels des Récollets de la Nouvelle-France, les Frères Mineurs investissent avec passion la recherche érudite sur l’histoire de l’ordre franciscain dans le Canada d’Ancien Régime afin de mieux s’inscrire dans l’Épopée des fondateurs de l’Église canadienne telle que conçue par l’intelligentsia clérico-nationaliste du Canada français de cette époque. Aux frontières de l’histoire et de l’hagiographie émergent dès lors quelques personnages emblématiques de l’apostolat et de la sainteté franciscaine canadienne. Pensons ici au martyr Nicolas Viel (†1625) et à l’humble frère convers Didace Pelletier (1657-1699) et au Bon Père Frédéric (1838-1916), figures auréolées qui enluminent le grand récit qui se tisse alors et dont le propos se fera sentir jusque dans les manuels scolaires en usage au Québec dans les années 1960.
À travers les trois grands axes qu’empruntent l’histoire, l’ethnologie, la littérature, l’histoire de l’art et la musicologie, se révèle toute la complexité d’un sujet de recherche dont les ramifications complexes n’ont pas encore fini de nous étonner. Le dialogue multidisciplinaire que propose le colloque Les Récollets en Amérique : Traces et mémoire veut ainsi faire le point sur la recherche en cours en ce quatrième centenaire de la présence franciscaine au Canada.