Nous avons le plaisir d’annoncer que notre membre étudiant Benoit Vaillancourt est lauréat 2023 du Prix de la Revue d’histoire de l’Amérique française, qui souligne la qualité de son article « Le déménagement de la maison Arthur‑Villeneuve comme déclencheur d’émotions patrimoniales (1957‑1994) ». Toutes nos félicitations!
Commentaire publié sur le site de l’Institut de l’Amérique française
« Paru dans le numéro thématique de la RHAF consacré aux émotions dans l’histoire, l’article de Benoit Vaillancourt illustre de manière exemplaire le grand potentiel interprétatif d’un cadre théorique sensible aux émotions. S’inspirant des travaux de l’ethnologue français Daniel Fabre et de la typologie des émotions patrimoniales qu’il propose, l’auteur cherche à cerner, à travers l’étude de l’épopée de la maison Arthur-Villeneuve de Chicoutimi, les émotions que suscite ce lieu et qui participent à sa patrimonialisation. Ce cadre théorique est mis au service d’une démonstration se déployant en cinq temps qui constituent autant de manifestations de l’émotion patrimoniale. L’auteur reconstitue ce parcours émotionnel : l’expression initiale du “transport” qui caractérise la découverte de la démarche artistique de Villeneuve et sa médiatisation; les multiples facettes de la “dispute” qui caractérise l’appréciation contestée du statut tant artistique et patrimonial de l’œuvre; le conflit entre les paliers municipal et provincial quant à son classement comme bien culturel; et, enfin, les débats et négociations autour du destin de la maison après le décès de l’artiste. Selon Vaillancourt, ces polémiques qui se chevauchent et se succèdent conduisent à une phase ultime marquée simultanément par la “déploration” de la vulnérabilité de la maison et de sa décontextualisation et par la “sédition” où l’émotion patrimoniale des défenseurs du bien atteint son paroxysme.
Le jury tient à féliciter M. Vaillancourt pour la grande originalité d’une étude qui a su dépasser le récit événementiel pour proposer une recomposition originale de la chronologie à travers le prisme des émotions patrimoniales. Dans une démonstration bien étayée, l’auteur fait ressortir l’importance du conflit et des multiples différends que suscitent la maison, l’artiste et son œuvre dans le processus de patrimonialisation. En interrogeant les relations complexes et les frontières poreuses entre lieu historique et art contemporain, de même que les tensions entre la valorisation de la renommée de l’artiste et la promotion de l’identité et du patrimoine régional, l’article constitue une contribution singulière à l’histoire, à la muséologie et aux études patrimoniales. »