Les orientations scientifiques de l’IPAC passent par l’établissement d’axes de recherche qui servent à guider les professeur-es membres de l’Institut et à susciter la formation d’équipes multidisciplinaires. Les axes sont complémentaires aux chantiers, qui servent à caractériser et à identifier les secteurs d’application de différents travaux émergents.
Pour une vue d’ensemble des activités de recherche menées par l’IPAC et ses membres, visitez l’exposition virtuelle « Mission patrimoine : l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval, d’hier à aujourd’hui » en cliquant ici.
AXES DE RECHERCHE
1) Patrimoines et musées
Les musées représentent aujourd’hui l’une des principales institutions culturelles du monde occidental ; leur nombre ne cesse de croître et leur fréquentation est en constante augmentation. C’est aussi une institution en pleine transformation. Pensons notamment à la nécessité pressante de recourir à du financement privé à la suite des coupures gouvernementales, à la présence de plus en plus marquée d’institutions ou de collections muséales parapubliques ou privées, à l’intérêt croissant pour le patrimoine immatériel, à la diversification des modalités d’accès au musée, au recours à l’approche touristique de la visite, et à la prédominance du numérique dans la mise en exposition des objets et dans la communication avec les visiteurs qui bouleverse les habitudes des publics. Les importantes mutations que connaissent les musées poussent les administrateurs à revoir entièrement les modes de prise de décisions, les structures de gestion, les politiques d’acquisition et d’exposition, la participation des citoyens et le fonctionnement même de l’institution. Tant les chercheur-ses que les citoyen-nes tendent à remettre en cause le pouvoir de l’État et des organisations internationales dans la gestion du patrimoine et à favoriser plutôt des modes de gestion communautaires et participatifs où le musée sert de « zone de contact » entre les différents acteurs, porteurs et récepteurs de ce patrimoine.
2) Patrimoines religieux
En dépit de son importance, le patrimoine religieux du Québec est aujourd’hui menacé. Ce vaste héritage est soumis aux tendances uniformisatrices de la mondialisation, aux pressions inhérentes à la laïcisation de la société moderne, à la déconfessionnalisation des institutions, au délaissement de la pratique religieuse, au vieillissement des communautés, à la perte des traditions religieuses et à la désaffection des édifices consacrés. La sauvegarde de ce patrimoine exige une action consensuelle et globale, de nature à la fois politique, économique et communautaire, passant par les étapes de l’identification patrimoniale et de la reconnaissance de sa pertinence.
3) Patrimoines, environnement et développement durable
Le patrimoine se veut un moyen de faire face à l’urgence de la crise écologique et sociale qui est désormais mondialisée : changements climatiques, catastrophes naturelles, raréfaction des ressources naturelles, perte drastique de la biodiversité, croissance de la population mondiale, insécurité alimentaire et écarts croissants entre pays développés et pays en développement. La fréquence accrue des inondations, des cyclones, des coulées de boue, des vagues de chaleur, des incendies de forêt et de la sécheresse attribuée aux changements climatiques a un impact sur les conditions de vie des populations du monde entier. Il semble de plus en plus certain que cette situation s’aggravera avec le temps. Ces catastrophes naturelles menacent l’existence de nombreux sites patrimoniaux et aussi de nombreuses pratiques du patrimoine culturel immatériel. Les pratiques agricoles traditionnelles sont abandonnées en raison du manque d’eau, les incendies de forêt menacent l’exploitation forestière traditionnelle, et les pêcheurs doivent chercher de nouvelles zones de pêche en raison des changements de température de l’eau et des courants océaniques. L’impact des catastrophes sur les éléments du patrimoine culturel immatériel lui-même est mal compris et moins bien documenté que l’impact de celles-ci sur le patrimoine matériel (tel que les sites et les bâtiments), qui est beaucoup plus facilement identifié, quantifié et évalué.
De plus, le patrimoine vivant est utilisé efficacement pour aider les populations à surmonter les effets perturbateurs des catastrophes naturelles. Parmi les exemples d’utilisations du patrimoine vivant lors de catastrophes, citons : la connaissance locale des environnements ; les pratiques locales qui servent à atténuer l’impact d’une catastrophe ; les traditions locales décrivant les catastrophes précédentes et comment y faire face ; des rituels et des festivals pour fournir un apaisement psychologique et redonner espoir en l’avenir ; et la relance de l’artisanat et du tourisme locaux pour générer des revenus souvent indispensables. En effet, le patrimoine culturel immatériel peut jouer un rôle essentiel dans l’atténuation des catastrophes à chaque étape du cycle de gestion des urgences, de la préparation à l’intervention et au relèvement. Alors que certains éléments existants du patrimoine culturel immatériel peuvent être mobilisés par les communautés pour faire face aux effets à court et à long termes des catastrophes (par exemple, les besoins physiques de base, les besoins spirituels, la résilience et le rétablissement), ces éléments doivent être compris dans leur contexte social plus large et des contextes culturels et non extraits simplement à des fins instrumentales.
4) Conservation et mise en valeur des patrimoines par les technologies numériques
Le développement des technologies numériques a révolutionné les méthodes de cueillette, de conservation, de gestion, de mise en valeur, de diffusion et de transmission du patrimoine. Aujourd’hui, les équipements d’enregistrement numérique très performants et maniables offrent la possibilité de saisir rapidement les informations sur le terrain, de les transférer directement dans une base de données numériques, de conserver et de gérer l’information efficacement et de rendre les supports multimédias (textes, photographies, panophotographies, images 3D, montages audiovisuels) très accessibles au grand public à des coûts peu élevés par le biais du Web. Notons que cet axe consacré aux technologies numériques traverse l’ensemble de la programmation scientifique de l’IPAC.
5) Conservation de bâtiments patrimoniaux dans l’aménagement du territoire
Cet axe de recherche vise la conservation et la mise en valeur des bâtiments patrimoniaux. La nouvelle Loi modifiant la Loi sur le patrimoine culturel et d’autres dispositions législatives adoptée à Québec en 2021 (projet de loi 69) prévoit notamment l’adoption et la mise à jour, par une municipalité régionale de comté, d’un inventaire des immeubles présentant une valeur patrimoniale selon le mode de réalisation, de consignation et de diffusion prescrit par règlement du ministre. Cet inventaire doit être complété en avril 2026. Les chercheur-ses et les étudiant-es de l’IPAC pourraient contribuer de différentes manières à la réalisation de ce projet majeur. Plus encore, ils pourraient profiter de l’occasion pour repenser les inventaires du patrimoine immobilier, en tenant compte des valeurs ethnologiques, sociales et culturelles des bâtiments, puis, par extension, repenser les manières d’habiter la ville. La conservation des bâtiments historiques est un moyen de conserver le patrimoine, l’identité et les paysages culturels, mais aussi un moyen de valoriser les centres–villes et de lutter contre l’étalement urbain. Il faut inciter les élu-es et les citoyen-nes à construire dans la ville plutôt qu’à côté de la ville. Penser que construire des bâtiments neufs hors de la ville coûte moins cher que d’entretenir les bâtiments existants, c’est ne pas tenir compte des coûts indirects liés à l’étalement urbain. Des initiatives d’économie sociale et solidaire en aménagement peuvent mener à des projets d’occupation transitoire de bâtiments vacants. Cette problématique se trouve à un point névralgique où convergent des préoccupations relatives au développement durable, au patrimoine, à la culture et à l’histoire.
CHANTIERS DE RECHERCHE
1) Patrimoines agroalimentaires et culinaires
2) Patrimoines autochtones
3) Patrimoines culturels immatériels